samedi 13 février 2016

Chocolat et nutrition 101



Faites-vous partie des 77% de Canadiens qui seraient contrariés s'ils venaient à se réveiller dans un monde sans chocolat?

En cette fin de semaine de la Saint-Valentin où 8,6 millions de dollars de chocolat seront vendus (au Québec seulement !), les probabilités sont élevées que vous soyez en train de vous dire que oui.


D'où vient notre amour du chocolat?

D'après des études menées par Human Branding Inc, une entreprise de conseil et de recherche en anthropologie appliquée, notre amour du chocolat et notre envie irrépressible d'en déguster remonterait aux débuts de l'humanité, à une époque où les chasseurs-cueilleurs parcouraient les plaines d'Afrique. On croit que l'instinct de survie aurait conditionné nos ancêtres à rechercher de la nourriture riche en gras et en sucres, ancrant ainsi dans nos gènes un attrait particulier pour des aliments riches en calories comme le chocolat.

Pendant longtemps, le chocolat a toutefois été considéré comme un produit de luxe. Il était si dispendieux que seuls les individus au statut socio-économique élevé pouvaient le mettre au menu, ce qui a peut-être contribué à le rendre encore plus désirable dans l'imaginaire collectif.


Une pénurie de chocolat, c'est possible?

D'un aliment qu'on consommait modérément, le chocolat est devenu un aliment qu'on surconsomme à l'échelle planétaire.

En 2013, le monde a consommé pour la première fois plus de quatre millions de tonnes de cacao, soit 32% de plus que dix ans auparavant. Une augmentation de la demande qui a tôt fait d'en faire augmenter le prix. En effet, les producteurs de cacao (l'ingrédient de base du chocolat), essentiellement basés dans des pays d'Afrique de l'ouest, n'ont pas la capacité d'investir pour accroître leur productivité. Il faut dire qu'il  faut environ 10 ans à un cacaotier pour produire des fèves, ainsi, investir dans la plantation de nouveaux arbres nécessite d'avoir "les reins solides", ce qui n'est pas du tout la situation des petits producteurs.  Le réchauffement climatique menace également les cultures, et ne garantie donc pas que l'investissement dans une plantation deviendra bel et bien rentable.

Enfin, il faut dire que  les aliments importés du Sud, comme le chocolat, le café ou les bananes, sont souvent produits dans le non-respect des droits de la personne et de l'environnement. Ainsi, les producteurs obtiennent rarement un prix décent pour leurs produits.


Pas de solides de cacao, pas de chocolat

Qu'il soit mi-amer, mi-sucré ou noir, le chocolat doit contenir au moins 35% de solides totaux de cacao (au moins 18% de beurre de cacao et au moins 14% de poudre de cacao). C'est en effet ce qu'impose aux industries le Règlement sur les aliments et les drogues.

Le chocolat sucré, quant à lui, doit contenir au moins 30% de solides totaux de cacao (18% de beurre de cacao et 12% de poudre de cacao), le chocolat au lait au moins 25% (au moins 15% de beurre de cacao et au moins 2,5% de poudre de cacao) et le chocolat blanc contient habituellement au moins 20% de beurre de cacao, mais pas de poudre de cacao.


Peu de poudre de  cacao, peu de bénéfices pour la santé

Saviez-vous que c’est principalement grâce à la poudre de cacao qu’on attribue des propriétés « santé » au chocolat noir ?

En effet, c’est dans la poudre de cacao que se trouvent les éléments nutritifs (magnésium, fer, cuivre, manganèse, phosphore, zinc et fibres) et les antioxydants (polyphénols de type flavonoïdes) associés aux vertus santé du chocolat (prévention de maladies chroniques tels que les cancers et les maladies cardiovasculaires).

Les friandises chocolatées (les palettes de chocolat populaires par exemple) contiennent peu de chocolat puisque celui-ci est mélangé à des gaufrettes, du caramel et d'autres produits sucrés.



Le meilleur chocolat pour équilibrer saveur et santé

On sélectionne un chocolat noir de 70 à 75 % de cacao afin d’obtenir le meilleur équilibre entre la saveur et les bénéfices pour la santé.



Le meilleur chocolat pour le développement durable

Si vous souhaitez que les générations futures puissent elles aussi savourer le plaisir de déguster du chocolat, je vous encourage à recherchez du chocolat certifié équitable.

Les producteurs et les travailleurs de cacao et de chocolat certifiés équitables ont la garantie de recevoir un prix minimum pour leur labeur ainsi qu'une prime sociale destinée au développement local par la mise sur pied d'initiatives socio-économiques ou environnementales dans leur milieu. 

Les consommateurs étant de plus en plus sensibles au commerce équitable, de nombreuses industries ont créé leurs propres critères de certification afin de s'auto-proclamer équitables et s'octroyer un logo. Pour en savoir plus sur les logos du commerce équitable, je vous invite à découvrir le fascicule "L'éthique derrière l'étiquette" conçu par Équiterre. 

À retenir, la World Fair Traid Organisation est pour l'instant la seule garantie pour l'artisanat équitable. Recherchez donc son logo sur l'étiquette de votre chocolat:




Enfin, il faut être conscient que si on paie notre chocolat à son juste prix, il est nécessairement plus dispendieux que celui des friandises chocolatées auquel on est habitué. Est-ce vraiment un problème si, de cette façon, le chocolat redevient ce qu'il devrait être; un aliment de luxe, qu'on prend soin de savourer et de consommer avec modération?


Conclusion

Malgré les nutriments, l'environnement ou le respect des travailleurs, mon opinion de nutritionniste est qu'un bon chocolat, c’en est d'abord un qu'on aime et qui assouvi notre envie.

Je vous laisse sur cette cocasse réflexion: selon l'experte en chocologie Danièle Lefbvre, les personnes à la personnalité plus aventureuse, qui aiment découvrir de nouvelles choses, apprécieraient plus la saveur intense du cacao d'un fin chocolat noir. Les amateurs de chocolat au lait, quant à eux, seraient généralement plus conventionnels et rechercheraient une gâterie qui leur apporte du réconfort. 

Alors, avis aux plus conventionnels: un peu d'aventure pourrait être bon pour votre santé!




© Nadine Bonneville 2016


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