J'ai toujours trouvé bien logique de penser qu'il valait mieux cesser de manger avant de se sentir trop "bourré", avant d'avoir mal au ventre, de se sentir lourd ou même d'avoir mal au coeur. Mais quand j'ai appris l'existence d'un nom pour décrire cette pratique, le hara hachi bu, ce principe est devenu pour moi une priorité, un objectif que j'ai mis sur ma "check list" et que je garde toujours en tête en clinique parmi mes cibles d'intervention.
Le régime d'Okinawa, c'est l'alimentation traditionnelle des habitants désormais centenaires de l'île d'Okinawa, au sud-ouest du Japon. Ça se glisse bien dans une conversation; la population vieillissante qui présente la meilleure santé au monde est celle des habitants de l'archipel d'Okinawa (1).
La nature humaine étant ce qu'elle est, on crée souvent des diètes en s'inspirant de l'alimentation de populations qui n'ont pas développé telle ou telle maladie, qui sont plus minces ou qui semblent, comme dans le cas présent, être tombées dans la fontaine de Jouvence. Est-ce qu'en tentant de manger comme ces populations on a plus de chances d'être en meilleure santé? Peut-être que oui, peut-être que non. Mais il y a certainement là de quoi piquer notre curiosité.
Le hara hachi bu
Aujourd'hui, c'est surtout au principe nutritionnel hara hachi bu que je souhaite m'attarder et non au contenu de l'assiette traditionnelle de ces Okinawaïens centenaires. Parce que souvent on met beaucoup l'emphase sur le contenu de l'assiette et on néglige malheureusement la façon dont on mange.
Les Okinawaïens aujourd'hui centenaires ne négligeaient pas leur façon de manger. Ils avaient pour philosophie de s'arrêter lorsqu'ils étaient rassasiés à 80%, leur permettant ainsi de combler leurs besoins physiologique et psychologique (le plaisir) sans pour autant faire des excès. Ils étaient plus conscient de ce qu'ils mettaient dans leur corps. Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'idée n'est pas ici de rester sur sa faim et de s'empêcher de se sentir satisfait. S'arrêter de manger lorsqu'on est comblé à 80%, c'est plutôt s'offrir l'opportunité de se demander si on est rassasié ou non et si la prochaine bouchée sera encore aussi bonne que la première.
C'est cette culture alimentaire, cette façon de se modérer, qu'on appelle le hara hachi bu et qui était transmise de génération en génération comme un gage de longévité. Alors là, je me dis : quel beau cadeau de vie!
S'arrêter de manger à 80%.
Si je vous demandais là, tout de suite, de me dire lorsque vous serez rassasiés à 80%, la plupart d'entre vous n'en aurait aucune idée. Pas facile de reconnaître ses signaux de faim et de satiété quand on a été habitué à terminer son assiette par politesse ou pour avoir droit à un dessert. Pas facile d'être à l'écoute de ses signaux quand on mange en regardant la télévision, en travaillant devant l'ordinateur ou même en conduisant. Pas facile de s'arrêter à 80% quand on cherche justement à remplir un vide émotionnel, à boucher un trou, à panser un mal qui nous brûle en-dedans. Tout serait tellement plus simple si on ressentait dans la paume de notre main la même sensation que lorsqu'on met de l'essence dans une voiture et que le réservoir est plein. "Plok; c'est plein, je m'arrête". Être à l'écoute d'une sensation à l'intérieur de soi plutôt qu'à l'extérieur de soi demande un peu plus d'entraînement, c'est bien certain. Mais quel beau défi que de remettre à l'ordre du jour des principes qui devraient pourtant être tout à fait naturels.
Défi de la semaine chez Pères Nature
Comme à chaque semaine, et ce pour toute l'année 2016, les Pères Nature et moi-même encourageons la population à relever un nouveau défi nutritionnel chaque semaine en vue de cumuler des actions gages d'une saine alimentation.
Cette semaine, une ou deux fois par repas, faites l'exercice de vous arrêter et de vous demander si vous êtes rassasiés. Qui sait, vous prolongerez peut-être un peu votre qualité et votre durée de vie grâce à cette bonne habitude ? Sinon, vous vous sentirez assurément plus léger et bien moins incommodé que si vous aviez trop mangé!
Référence:
1.WILLCOX,D. C.,G. SCAPAGNINI etB.J. WILLCOX.
«Healthy aging diets otherthan theMediterranean:A
focus on theOkinawan diet »,MechanismsofAgeingand
Development, vol. 136-137, 2014, p. 148-162.
© Nadine Bonneville 2016
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